Agathe PRO

EDWARD

Il fallait que je le trouve, et que je le ramène. Elle ne méritait pas cette souffrance. Heureusement que sa puanteur me conduisit droit vers lui.
« Jacob. Arrête-toi, s’il te plaît, j’ai à te parler.
- Je n’ai rien à te dire sale buveur de sang !
- Pour Bella, murmurai-je, écoute-moi pour Bella »
Il s’arrêta, se retourna et me regarda droit dans les yeux. Ils étaient remplis de tristesse et de colère. Il avait un regard qui aurait pu m’attendrir. Mais son regard trahissait bien sa pensée car il ne pensait qu’à un grand nombre d’insultes et me les destinait. Comme ses pensées ne se reflétaient guère dans son regard !
« Désolé, c’est le seul mot qui me vint à l’esprit pour lui dire ce que je – et ce que Bella – ressentions. Désolé, je n’aurais pas dû, se n’était pas à moi de faire en sorte que tu le saches, surtout de cette manière. Elle voulait te le dire elle-même, elle aurait trouvé les mots pour ne pas te blesser.
- Comment as-tu pu ? Comment oses-tu penser qu’elle aurait su me le dire sans me blesser ? Elle est toute ma vie et tu veux me l’enlever en se mariant avec elle –alors qu’elle m’aime, elle m’aime plus qu’elle ne le pense- et tu vas ensuite lui prendre sa vie. Votre … Mariage ne fera que plus de mal, il ne servira qu’à montrer votre bonheur au monde entier pour mieux tous nous blesser en nous enlevant notre Bella. Pour mieux me briser le cœur. »
Il avait dit, ou plutôt pensé, cette dernière phrase avec tant de tristesse qu’il me fit presque pitié, ce chiot devenait presque attachant, bien que toutes ses paroles étaient remplies de haine et de colère.
« Elle m’aime, reprit-il, mais tu l’aveugles et elle ne voit que ton côté « prince charmant », pourtant tu n’es qu’un monstre prêt à la tuer à n’importe quel moment pour lui sucer le sang ! Il avait dit ces paroles avec une telle haine, que s’en était impressionnant. Il continua : Alors que moi, moi, je ne lui ferai jamais de mal ! Mais je te préviens, je préfèrerais qu’elle meure de mes mains plutôt qu’elle ne s’unisse à toi et à ta famille. Je la tuerai si jamais elle s’obstine à vouloir quitter TOUT ce qu’elle aime, à devenir un monstre comme toi et les tiens. »
Comment osait-il ? Comment osait-il dire ça de Bella ? La haine m’habitait et je n’eus plus qu’une seule envie, une envie irrésistible dont il était très dur de résister : courir, lui sauter à la gorge, le déchiqueter et le broyer pour avoir voulu la mort de Bella, qu’il disait soi-disant aimer. Mes lèvres se retroussèrent, tout autour de moi, la nature sembla s’arrêter pour me regarder, pour voir ce qu’il allait se passer. Il avait compris, il avait compris qu’il avait dépassé les limites et que plus rien ne me retenait.
« Tue-moi ! Mais elle ne te pardonnera jamais, jamais ! Et dès l’instant où tu me tueras, le traité sera rompu et la meute vous attaquera. Je ne donne pas cher de votre peau contre neuf loups-garous et une armée de nouveaux-nés… »
Je savais qu’il disait la vérité, si je ne me reprenais pas, Carlisle, Esmé, Alice, Jasper, Emmett, Rosalie et moi ne survivrions pas. Bella, oh non, pas elle, elle, elle ne le supporterait pas de tous nous perdre. Elle s’offrirait volontiers à Victoria comme un oiseau rejoint son nid ou comme si elle rejoignait sa mère tant aimée. Elle serait prête à tout pour mourir, comme la troisième épouse, elle se sacrifierait.
Je mourrais volontiers pour elle mais je ne permettrais jamais qu’elle meurt pour moi ou pour qui que se soit d’autre. Je me le refusais et décidai donc de me calmer.
« Ne pense pas t’en tirer à si bon compte, clébard, le menaçai-je, tu regretteras tes paroles sans pour autant en mourir. »
Je courus vers lui avec une telle rapidité qu’il n’eut pas le temps d’esquiver. Je lui sautai dessus et le frappai de toutes mes forces. Je ne ferai rien qui pourrait le blesser gravement ou le tuer, pour elle, rien que pour elle, mais il méritait de souffrir, d’être blesser pour ses paroles détestables qu’il avait prononcé. Bien entendu, il riposta et nous nous mîmes à nous battre sans pouvoir nous arrêter. Trop concentrer sur Jacob, je ne remarquai pas qu’Emmett arrivait. Il nous sépara d’un seul mouvement de bras tout en essayant de rester le plus loin possible de Jacob. Son regard lançait des éclairs et nous ne songeâmes même plus à nous attaquer. Il n’avait pas besoin de parler (même si je l’entendait très bien), nous comprenions tout ce qu’Emmett aurait voulu crier rien qu’en regardant son visage. Quand à moi, Carlisle me fit presque trembler de peur :
« Edward Anthony Massen ! Je te prie de bien vouloir arrêter ces enfantillages ! Tu ne tueras pas Jacob Black, nous avons une bataille à livrer qui elle, pourrait tuer Bella. » Carlisle avait presque crié et avait parlé en détachant chaque mot. Et après avoir entendu ce nom, le mien, l’ancien, je ne pouvais que lui obéir. Il ne m’avait jamais appelé de ce nom, qui m’appartenait auparavant mais qui n’était plus le mien. Je ne l’avais jamais vu aussi énervé et je sentais dans son intonation qu’il été prêt à me neutraliser pour que je me calme. J’entendais que Sam aussi n’était pas très content de l’attitude de Jacob, il utilisait sa voix d’Alpha, ce qui empêcherait Jacob de lui désobéir. Il lui disait que, quoi qu’il arrive entre nous, le traité ne serait pas rompu à cause d’enfantillages pareils. La meute n’attaquerait personne d’autre que les nouveaux nés vampires ce jour-là. Lorsque Jasper arriva, la tension présente disparut et nous pûmes discuter « tranquillement » entre nous. Je voulais affronter Jacob en duel pour les propos infâmes qu’il avait osé prononcer. Emmett me soutenait, rien ne lui aurait fait plus plaisir qu’un combat entre un loup-garou et un vampire ! Il s’imaginait déjà le duel… et comme de bien entendu, je mettais une sacrée raclée à ce sale clébard ! Mais, nous n’étions que deux contre tout le reste de la famille et les loups-garous. Esmé et Carlisle voulaient régler cette affaire plus tard, après la bataille. Ils souhaitaient se concentrer sur la « mission » et le devoir que nous devions accomplir. Sam était de leur avis et la meute était tous d’accord avec lui. Je ne pouvais m’y résoudre car tout mon être voulait venger mon Amour, mon Ame, ma Bella. Grâce à Jasper, nous ne nous énervâmes pas et Emmett eut une idée qui parut plaire à tout le monde. Nous allions faire un bras de fer. Le sport préféré d’Emmett. Il pensait que ce duel serait dur, très dur mais aussi très intéressant car nos forces seront à égalité. Mais un simple duel ne suffisait pas, il fallait un enjeu, un enjeu de taille. Nous ne savions quoi proposer pour le gagnant de ce duel. Jacob eut alors une idée qui me plut : si je gagnais, il partirait après la bataille et ne reviendrait pas, il ne ferait plus rien pour reprendre Bella et lui prouvait qu’elle l’aimait, il essayerait de ne plus penser à elle et nous laisserait nous aimer en paix, sans lui pour nous séparer. Par contre, s’il gagnait, je devais le laisser essayer de prouver à Bella qu’elle l’aimait, je ne devais rien tenter pour l’en empêcher. Il serait libre de faire ce qu’il lui semblait bon pour conquérir le cœur de Bella, notre amour commun (elle était d’ailleurs le seul point commun qui nous liait). Etant tous d’accord sur les règles de ce bras de fer, nous décidâmes de commencer.
Il nous fallait un rocher qui nous servirait de table. Par chance, la forêt abritait un grand nombre de rochers de ce genre. Nous en trouvâmes un grand et plat. Etant enfin installés, nous pûmes commencer. Nos mains droites étaient reliées, on aurait pu croire que nous étions deux amis faisant un combat amical mais si l’on regardait nos yeux, on comprenait que le match n’était en rien amical et que nous lutterions jusqu’à la mort s’il le fallait. Personne n’aurait pu savoir que le combat avait commencé si le rocher qui nous servait de support commença à se briser sous la puissance de notre lutte acharnée silencieuse. Personne ne parlait et tous ne savaient quoi penser de ce qui était en train de se passer. Certains n’appréciaient guère ce duel qu’ils pensaient inutile et ne servirait qu’à créer des tensions encore plus flagrantes. D’autres pensaient que cela pourrait régler des conflits et que nous nous entendrions mieux après que l’un de nous deux est perdu. Et d’autre encore, n’avait pas d’opinion car il ne pensait qu’au combat en lui-même. Jacob n’avait qu’une idée en tête, gagner ce duel pour pouvoir prouver à Bella qu’elle l’aimait plus qu’elle ne m’aimait moi. Il commençait déjà à imaginer toutes sortes de manières qui auraient pu me déstabiliser. Il pensa à Bella en train de lui sauter dans les bras, la faisant tourner pendant qu’elle l’embrassait passionnément, ou encore elle en robe de mariée et lui étant le marié. Ces images ne me plaisaient guère mais je ne pouvais l’empêcher de penser à cela, cela me déconcentrait et il n’attendait que ça. Pour que ces pensées me soient plus agréables, je faisais mon possible pour essayer de me voir à la place de Jacob, ce qui marcha fort bien. Mais au bout d’un certain temps, je m’aperçus que Seth était très anxieux à cause de ce duel et que cela avait rendu Bella très angoissée. Il me fallait essayer de la réconforter de toutes les manières possibles. J’essayai de lui transmettre un message mais je n’y arrivai pas, j’étais trop concentré sur Jacob et je ne pouvais essayer de lui transmettre quelque chose que s’il avait été au courant de ce que je voulais faire. Cela m’angoissait de savoir Bella dans un état de stress intense, je le ressentais même si je ne pouvais l’entendre. Soudain, Alice eut une vision. Il ne fallait pas qu’elle me distrait de trop car je pourrais perdre sinon. Elle voyait la fin du duel, malheureusement, je perdais. Je perdais ! Mais comment cela se faisait-il ? Si je le souhaitais je pouvais le battre, maintenant, tout de suite, je pouvais le ratatiner. Mais pourquoi cette vision ? Maintenant que je l’avais vu, je ne pouvais penser à rien d’autre. Pourquoi perdais-je ? J’étais certain que j’avais décidé de perdre de moi-même car j’avais vu mon bras se baisser avec une telle force et une telle rapidité que je ne pouvais qu’avoir décidé d’arrêter ce duel moi-même, laissant Jacob seul à forcer croyant que je me défendrais jusqu’au bout. Dans ses yeux, on avait vu, de l’étonnement, de la colère et une envie de comprendre la raison de mon désistement. Dans mes yeux on avait vu de la pitié et de l’amour. Soudain, je compris. Je compris pourquoi j’avais décidé de le laisser gagner. C’était pour elle, pour Bella. Je l’avais déjà tant fait souffrir : lorsque je l’avais quittée, mais elle avait réussi à survivre grâce à Jacob. Elle m’avait pardonné alors que moi, je ne le pouvais, mais en plus de cela, au lieu d’accepter que Jacob soit là pour l’aider à continuer de vivre, au lieu de ça, j’avais délibérément et simplement voulu qu’il s’en aille en lui annonçant notre mariage. Mais s’il partait, elle ne s’en remettrait sûrement pas, s’il partait par ma faute, je ne verrais plus dans les yeux de Bella que le regret et la tristesse de n’avoir pas eu le choix. Le choix de choisir entre lui et moi, entre la nuit et le jour, entre le froid et le chaud, entre un loup-garou et un vampire. Elle avait le droit de choisir. Je n’avais pas le droit de lui imposer le départ de Jacob après l’avoir moi-même abandonné. Je savais que j’avais pris la bonne décision.Je le savais depuis le départ. J’arrêtai donc de me battre. C’était fini, il avait gagné le duel. Je me retirai.

JACOB

Je voulais courir, courir pour ne plus y penser, elle allait l’épouser, ils allaient se marier. Je ne pouvais penser à ce mariage, il m’était tellement insupportable. J’entendis que quelqu’un me courait après. C’était lui, Edward. Il voulait que je m’arrête mais je ne le souhaitais pas. Il réussit pourtant à trouver les mots qu’il fallait « Pour Bella », c’était dit avec tellement de douceur, de pitié, de tristesse que je m’arrêtai. Il me parla, me disait qu’il était désolé, mais ma colère était immense que je m’emportai. Je lui dis que Bella ne devait vivre avec lui, sans moi. Que je préfèrerais qu’elle meure, qu’elle meure de mes mains plutôt qu’elle ne s’unisse à lui et qu’elle ne devienne un monstre. Il me sauta dessus, nous nous battîmes mais l’on vint nous séparer. C’était le grand, le costaud. Ses yeux étaient comme des éclairs. Il ne fallait que le regarder pour comprendre qu’il nous fallait arrêter. Sam n’était pas content de moi et il m’assura que nos enfantillages n’auraient en aucun cas rompu le traité, il nous fallait faire une bataille et nous serions tous indispensable pour gagner ce combat. Il n’y avait pas de place pour de petites bagarres quand nous avions une guerre à mener. Cependant, Edward voulait se venger et nous nous entendâmes à faire un bras de fer avec une sorte de récompense pour le vainqueur.
Notre bras de fer était plus qu’un duel, c’était une bataille, une guerre pour Bella. Si je le gagnais, il ne pourrait rien faire pour m’empêcher de prouver à Bella qu’elle m’aimait. Il était concentré. Il ne voulait pas avoir la possibilité de pouvoir la perdre. Je pensai à Bella et à moi, ce que nous pourrions être si nous étions ensemble. Je savais qu’il écoutait, entendait et voyait mes pensées. J’en profitai et essayai de le déstabiliser. Je savais que cela ne lui plaisait pas, mais il ne pouvait pas m’empêcher de penser ce que je voulais. Je sentais que Seth n’allait pas bien, il était stressé mais je ne savais pourquoi ne pouvant communiquer avec la meute. Le combat était dur, le buveur de sang ne lâchait pas prise et ne cèderait pas, je le savais. Il y mettait tant de hargne. Ses yeux étaient noirs, pourtant je savais qu’il avait chassé peu de temps auparavant. J’en conclu qu’il était donc dans un état de profond trouble émotionnel. Je sentais alors qu’il l’aimait réellement, plus que je ne l’aurais imaginé. Je pensais à Bella, elle devait sentir qu’il se passait quelque chose. Je ne pouvais penser qu’elle avait accepté de devenir sa femme. Sa femme, lui qui n’était même pas humain. Je ne pouvais penser qu’elle allait me quitter, dans tous les sens du terme. D’abord par ce mariage avec Edward et ensuite par sa transformation en, en … monstre. Quand elle serait transformée, elle ne serait plus la même, elle ne serait plus Bella. Tout d’un coup, je vis que la buveuse de sang aux cheveux court et en bataille était comme en transe, elle devait avoir une vision. J’essayai de mettre encore plus de force car je savais qu’Edward serait déstabilisé par la vision de sa sœur. Pourtant, malgré mes efforts, il ne se laissa pas vaincre, nos bras ne bougeaient pas, pourtant la force du duel était sans limite, inimaginable. Je lus dans son regard qu’il se passait quelque chose, il réfléchissait et tout à coup son bras bascula, je l’avais pratiquement écrasé contre le rocher qui s’était complètement brisé après ce coup de titan. Il s’était arrêté, il s’était laissé perdre, j’étais totalement et complètement dérouté. Je ne comprenais pas. Pourquoi avait-il décidé de me laissait gagner au risque de perdre Bella, après l’ardeur qu’il avait eu pour, justement, ne pas perdre. Tous, loups-garous et vampires, furent étonnés de le voir céder, car il été clair qu’il avait fait ce geste volontairement. Nous décidâmes de retourner voir Bella, qui devait se faire beaucoup de soucis et je décidai de lui parler pour comprendre son geste :
« Pourquoi ? Pourquoi m’as-tu laissé gagner ? Pourquoi ?
- Pour elle, rien que pour elle. Je l’ai laissée et tu l’as aidée à vivre, tu l’as aidée à survivre. Je pensais qu’elle pourrait vivre sans moi, mais elle ne pouvait pas. Tu as été là pour elle quand moi, je n’étais pas là. Je l’ai surestimée mais toi, tu l’as toujours aidée quand elle avait besoin de quelqu’un. Pour cela, je n’ai pas le droit de décider de ton départ. Si elle te veut près d’elle, je n’ai pas le droit de t’enlever à elle. Elle a le droit de choisir entre toi et moi.
- Merci. » murmurai-je.
Tout ce qu’il m’avait dit m’avait touché, pour cette décision, il devenait presque quelqu’un d’honorable, un homme admirable qui pouvait être dans mon estime. Sa décision était tout à son honneur et je n’allais pas m’en plaindre.