Aurore GUY

Un petit désaccord

Le jour venait à peine de se lever. Edward et moi avions passé la nuit à vaquer à notre occupation favorite (lorsque nous nous retrouvions enfin seuls, dans notre magnifique cottage). Un oiseau s’était mit à chanter. En relevant ma tête (posée sur le torse nu adamantin de mon mari), je le vis, là, juste au bord de notre fenêtre. Son chant était si beau que je me mis à penser à la berçeuse qu’Edward m’avait composé. Celle qui, pour moi, symbolisait notre rencontre.
- Tu es si douce, me chuchota-t-il à l’oreille.
Cela me ramena sur Terre. Son toucher était comme du satin sur ma peau. Je ne pu m’empêcher de penser que si j’étais encore une humaine, en ce moment même, je serais devenue rouge comme une tomate ! Mais ce n’était pas le cas (et heureusement).
- Tu es si beau, lui répondis-je en retour. Mais ça, ce n’est pas nouveau.
Il se mit à rire. J’aimais tellement son rire, sa bouche, ses yeux, … j’aimais tout chez lui, absolument tout.
- Je te retourne le compliment ma chérie.
Ses lèvres se fondirent alors sur les miennes l’instant d’après (quelque chose qui décidément ne me lasserai jamais !)
Ce ne fut qu’un peu plus tard qu’Edward me ramena à mes priorités. Un seul mot lui suffit :
- Renesmée …
- Tu as raison.
Soudain, une pensée m’inquiéta :
- Comment peut-elle être aujourd’hui ? A-t-elle grandi encore ?
- Tout va bien ma chérie, ne t’inquiète pas. Habille-toi et nous serons à la maison en moins de 3 secondes.
- Très bien, lui répondis-je, tout en essayant de me calmer l’esprit.
Mais ce n’était pas là la seule chose qui m’inquiétait. Aujourd’hui était notre jour de chasse, ainsi qu’à Rosalie et Emmett. Etant donné qu’Esmé, Carlisle, Alice et Jasper étaient partis la veille à la chasse, ils ne seraient pas de retour avant demain, au plus tôt. Il n’y avait donc personne pour être avec Renesmée. Il fallait trouver une solution dans les plus brefs délais.
- Ne t’affole pas, me réconforta Edward, nous allons trouver une solution .
- Je l’espère, car il m’est impossible de retarder une nouvelle fois la chasse.
Ma gorge commençait à s’enflammer petit à petit, signe que je ne tiendrai encore plus très longtemps. Nous sautâmes alors tous deux du lit, et allâmes nous habiller dans le gigantesque dressing qu’Alice nous avait confectionné (bien que les trois quarts des vêtements qui s’y trouvaient n’étaient autres que les miens).
Très peu de temps après, nous étions en route vers la maison. Il ne nous fallut pas plus de 2 secondes pour y arriver. Renesmée était dans le salon, assise par terre, en compagnie de Rosalie et d’Emmett qui se trouvaient, quand à eux, sur le canapé. Elle était raisonnablement tranquille. Dès qu’elle me vit, elle tendit un doigt dans ma direction, signe de son impatience . Je franchis alors la porte et bondis à travers la pièce afin de pouvoir la prendre dans mes bras. Le tout, en 1 seconde (je commençais à m’habituer à cette rapidité). Nous nous sourîmes, ravies de nous retrouver. Une de mes inquiétudes avait disparue. Renesmée avait légèrement changé. Elle était un tout petit peu plus grande, ses cheveux avaient poussé de très peu, et sa silhouette était peut-être un peu plus affinée. Mais c’était tout. Rien d’alarmant, comme je l’avais redouté. En revanche, l’autre inquiétude était toujours là, à trotter dans ma tête.
- Alors, comment allez vous faire pour Renesmée ? demanda Rosalie.
- Euh … justement, on ne sait pas tout à fait, lui répondis-je.
Et puis d’un coup, une idée m’est venue. Comment ni avait-on pas pensé avant ?
- C’est bon, le mystère est résolu ! Nous allons l’envoyer chez Charlie, lançais-je.
Tout le monde approuva mon idée … sauf Jacob. Celui-ci venait juste d’entrer dans le salon.
- Pas la peine de l’envoyer chez Charlie, suggéra-t-il, je peux la garder.
Je sentis immédiatement Edward se figer à côté de moi, et sa réaction se fit sans plus attendre.
- Pas question que notre fille reste plus d’une journée seule avec toi clébard ! Nous l’emmènerons chez Charlie. Elle sera certainement plus en sécurité qu’avec toi.
Mais Jacob n’était pas du genre à laisser tomber une affaire comme ça. Je le voyais à présent s’énerver à son tour.
- Je ne vois pas en quoi ça te gènes. Ce n’est pas la première fois qu’elle sera avec moi. Je sais très bien comment m’y prendre avec elle. Tu pourrais au moins m’accorder un peu de ta confiance.
Pour ma part, laisser la garde de ma fille à Jacob n’était pas un problème, je lui faisais autant confiance qu’à mon père.
La tension entre Edward et Jacob augmentait à chaque instant en inondant la pièce. Si seulement Jasper avait été là, il aurait été plus aisé de la contenir, voir de la supprimer. Rosalie, Emmett et moi nous étions mis en retrait, avec Renesmée dans mes bras, les laissant se disputer. Il était impossible dans ces moments (rares cependant) d’essayer de s’y mêler. Croyez-en nos expériences. Au bout d’un certain temps, lorsque la bagarre s’était peu à peu calmée, Jacob eu une petite idée qui ne laissa personne indifférent.
- Je te défis alors au bras de fer.
Edward étouffa un rire.
- Chouette ! Enfin de l’action ! s’exclama Emmett.
- Si je gagne, tu me laisses garder Renesmée pendant votre chasse. Si c’est toi qui gagnes, tu l’emmènes chez Charlie.
- Marché conclu, répondit Edward. Mon amour, tu peux déjà appeler ton père.
Puis il me fit son sourire que j’aimais tant. Ca y’est, la bataille était déclarée.
- Je pari 20 dollars sur Jacob. Qui dit mieux ? lança Emmett.
Il était le roi du pari. Décidément, il ne changerai pas. Rosalie me glissa dans l’oreille :
- J’espère qu’Edward va gagner, je ne veux pas trop que Jacob se retrouve seul avec Renesmée sans que je soit dans les parages.
Je vis Edward et Emmett se retourner vers nous, l’air complice. Ils avaient entendu les paroles de Rosalie.
Nous nous dirigions tous dehors suivant Edward qui partait vers la rivière.
- Pourquoi ne pas le faire là-bas ?
Jacob désignait un gros bloc de granit qui se trouvait au bord de la rivière, et qui s’était certainement détaché d’un éboulement.
- Ok, allons-y, lui répondit Edward sur un ton qui n’était pas tellement sympathique.
Arrivé au bloc, il mit son bras en position, attendant impatiemment son concurrent.
- C’est quand tu veux clébard, lança-t-il à Jacob.
Celui-ci était plus que déterminé a remporter son droit de garde.
- Alors Bella, pas trop anxieuse de voir ton mari défier l’un des loups les plus forts de sa tribu, me demanda Emmett sur un ton très enjoué.
- A vrai dire, je suis plutôt contente. Ca ne lui fera pas de mal un peu de sport, lui répondit-je.
Il me regarda avec un petit sourire mesquin. Je fis de même de mon côté. Nous reportions alors nos regards sur le combat qui allait débuter d’un instant à l’autre. Jacob s’était mit en place, et il se trouvait à présent face à Edward, son adversaire. La nervosité s’empara une fois de plus de moi, alors que ce n’était pas moi qui me retrouvais le coude sur le bloc, mais mon mari et mon ancien meilleur ami. Ils avaient tout deux retroussé leurs manches, laissant apparaître leurs biceps. Ceux de Jacob étaient énormes comparés à ceux d’Edward. Mais cela ne voulait strictement rien dire, car Edward était doté d’une force incroyable. Le jeu allait être très serré je pense. Juste avant le début du défi, je regarda Renesmée qui était toujours blottit dans mes bras. Elle avait l’air très amusée. Ses yeux pétillaient de curiosité. Elle était si belle. La voix d’Edward me ramena à moi.
- Tu es prêt clébard ? s’adressa-t-il à Jacob. Celui-ci s’était fait à ce surnom et n’y voyait à présent aucune objection.
- On ne peut mieux.
Il saisit sa main. Emmett donna le départ :
- Un, deux …
- Trois, grommelèrent les deux concurrents.
Il ne se passa rien. Du moins, rien de perceptible. Edward et Jacob résistaient incroyablement à la pression exercée par l’adversaire.
- Tu te débrouilles plutôt pas mal pour une sangsue ! rigola Jacob.
- La ferme clébard, rétorqua Edward. Laisse moi me concentrer pour te mettre une pâté dont tu te souviendras toute ta vie.
Edward grogna. Il ne supportait pas de voir quelqu’un, surtout Jacob, lui résister autant. De son côté, Jacob réprimait de petites grimaces. Il était vraiment décidé à gagner ce duel, ça se voyait. Je vis mon mari en réprimer une aussi à son tour. Son front était plissé. Jacob pouvait-il être si fort ? A croire que oui. Mais d’un coup, la main d’Edward prit petit à petit du territoire sur celle de Jacob. Tout le monde retint sa respiration. Mais Emmett ayant parié sur Jacob, il ne voulait pas que celui-ci se laisse aller.
- Alors Jacob, lança-t-il, tu te dégonfles ou quoi ? Me fais pas perdre mes 20 dollars, sinon c’est pas un bras de fer que tu auras !
Edward reporta un instant son attention sur Emmett , lui lançant un regard qui voulait dire « trop tard ! ». Jacob profita alors de cette opportunité pour mettre toutes ses chances de son côté. Il mit les bouchés doubles, plia son coude, et Edward perdit au moins 10 centimètres de terrain. Quand il se rendit compte de son erreur d’inattention, il était trop tard. Jacob aplatit sa main sur la pierre. Un craquement se fit entendre, et un morceau de pierre se détacha en roulant sur le sol. Edward, était furieux d’avoir perdu. Il grogna si fort que je sentis alors Renesmée trembler dans mes bras.
- Par ici la monnaie, lança gaiement Emmett, fier d’avoir remporter son pari.
- Tu ne t’en sortiras pas comme ça, s’énerva Edward.
- Eh mon gars, un marché est un marché, rétorqua alors Jacob qui dégoulinait de sueur. Tu as perdu, je garde donc Renesmée jusqu’à votre retour de chasse.
- Je demande une revanche. A mon retour, prépare toi à perdre sal cabot !
- Comme tu voudras sangsue. En attendant, bonne chasse !
Jacob s’avança vers moi, et me sourit. Je le lui rendis et lui mis Renesmée dans ses bras en lui disant :
- Fais attention à elle.
- Ais confiance Bella, me répondit-il d’une voix calme et posée.
Je regarda alors mon mari, déçu d’avoir perdu contre un loup. Je le rejoignis.
- Je suis sûr que si Emmett n’avait pas ouvert sa bouche, j’aurai remporté ce bras de fer, me dit-il.
Il me regarda et posa ses lèvres tendres sur les miennes.
- Vous êtes aussi fort l’un que l’autre lui répondis-je. C’est presque idiot.
Il croisa mon regard. Nous aurions pu rester des heures et des heures comme cela. Nous nous embrassâmes derechef, et il me dit :
- On y va ?
Je lui fis oui de la tête. Rosalie et Emmett venaient juste de partir, et Jacob était retourné dans la maison, triomphant.
La chasse pouvait enfin débuter.