Camille DUB

Je suais. Mais alors vraiment. C’est qu’elle ne forçait pas en plus la sangsue. Il ricana.
-Je te l’ai dit, je ne te laisserais pas gagner.
Je grognais. Qu’est-ce qui m’avait pris de faire un pari si bête ? Je tournais la tête. Ses yeux chocolats me fixaient avec attention. Et là, au plus profond de ma chair, je me rappelai. Pour elle. C’était pour elle que je faisais ça. Je reportai mon attention sur Edward, gonflé à bloc.
«Tu dois bien connaître ce dicton l’ancêtre, me moquai-je. On ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. » pensai-je.
J’eus l’immense privilège de le voir sourciller une seconde mais il recomposa son visage arrogant très vite.
-L’ancêtre, rit-il Je prends ça pour un compliment parce que venant de la part d’un …
-Papa, réagit Nessie avant qu’il n’est pu finir sa phrase.
Je ris. Elle ressemblait tant à sa mère. Du moins, lorsque celle-ci était humaine. S’énervant à chaque fois que nous nous charrions l’un l’autre. Elle n’aimait pas les petits surnoms, la vue de mon sang (alors que sa mère c’était le sang de n’importe qui), ma manie de n’en faire qu’à ma tête mais cela ne comptait pas parce que Ness voulait toujours qu’on fasse ce qu’elle voulait et cela n’était pas pour me déplaire. Je me souviens encore de la première fois que nous nous…
-Je te conseille tout de suite de stopper tes idées salaces Jacob, grogna Edward.
-Je ne vois pas ce qu’il y a de salace dans le fait que nous nous embrassions, ris-je, le cherchant un peu.
Je dus toutefois cesser de m’amuser, il avait effectué une petite pression sur ma main. Je râlai, à son plus grand plaisir.

C’était hilarant de voir ça. Et infantile. Mais j’adorais. La seule chose qu’il avait trouvée pour me défier était peu originale : un bras de fer. Avait-il conscient qu’il perdrait d’avance en défiant un vampire ? Je n’aurais peut-être pas accepté s’il m’avait tout de suite donné l’enjeu du pari. Je pourrais le regretter mais j’en doutais fort. J’allais gagner, forcément. Je ne pus m’empêcher d’imaginer la tête que ferait Jacob lorsqu’elle me sauterait dans les bras au lieu des siens. Qui pouvait rivaliser contre un séjour shopping de trois jours à Paris ? Pas Jacob. Et surtout pas avec un week-end romantique dans une petite maison dans les pins.
Si elle savait pourquoi nous en étions là, elle ne saurait pas du tout qui encourager. Son père ou son petit ami ? Je ris.
-Ca te dérangerait de te concentrer sur ça ? grogna Jacob en secouant un peu nos poings.
Je dus reporter mon regard sur nos poings mais mon esprit s’hasarda sur la manière dont il m’avait pris en grippe. Il s’était avancé vers moi, tout sourire (ce qui aurait déjà dû me mettre la puce à l’oreille) et m’avait dit qu’il voulait jouer. J’avais d’abord refusé mais voilà, dès qu’il avait prononcé « compétition », j’avais sauté sur l’occasion. Après tout, je m’étais dit que j’allais pouvoir lui mettre la pâtée (sans mauvais jeu de mots). Je secouais la tête pour dégager les gouttelettes de pluie qui nous tombaient dessus.
-Et si ont rentré à l’intérieur, lui proposais-je.
Non pas que je souciais de lui, c’était plutôt pour ma fille que je m’inquiétais. Mi-humaine, elle pouvait tomber malade en restant sous cette pluie.
« Je vais chercher une parka » pensa Alice.
Elle partit en courant et revint aussi vite avec une parka violette, sûrement de haute couture. Nessie qui ne nous quittait pas des yeux, la mit distraitement et releva la capuche.

« Quand est-ce que ce jeu idiot va se finir, papa ? » grommelai-je.
J’avais vraiment envie de passer du temps avec Jacob et à cause de ce jeu idiot, on avait dû repousser cette partie de chasse. J’avais soif, je me rendais bien compte. La gorge en feu, les oreilles et le nez aux aguets. J’entendais les battements de cœur de Jacob, rapides.
Mon père avait levé les yeux vers moi, rieurs. Il y prenait du plaisir, il aimait les compétitions. Pour je ne sais quelles raisons, personne ne voulait me donner les enjeux du pari. Alice qui s’amusait comme une folle me laissait deviner que je serais très surprise, Jasper lui, se tortillait nerveusement à coté d’elle. Je me doutais que c’était surtout les émotions de Jacob qu’il ressentait. Il était comme ça mon Jacob, nerveux, impulsif. Tout le contraire de papa.
Soudain, une lueur de malice alluma les yeux de Jacob. Je sentais qu’il préparait quelque chose et que c’était ce qu’Alice attendait depuis le début. Je trépignais, je me rapprochais un peu et attendit.

Je ricanais, finalement, j’allais peut-être le gagner ce pari. Je cachais bien mes pensées. Il ne fallait pas qu’il découvre ce que je tramais, sinon tout était fini. Je peinais à tenir, les muscles endoloris, la main moite. C’était indéniable, il fallait que mon plan réussisse.

« Donghae mulgwa Baekdusani mareugo daltorok
Haneunimi bouhasa urinara manse
Namsan wie jeo sonamu cheolgabeul dureun deut
Baram seori bulbyeonhameun uri gisangilse
Gaeul haneul gonghwalhande nopgo gureum eopsi
Balgeun dareun uri gaseum ilpyeondansimilse
I gisanggwa i mameuro chungseongeul dahayeo
Goerouna jeulgeouna nara saranghase… »
Je cachais mes pensées, enthousiaste, il n’y avait rien de tel que l’hymne coréen pour cacher ses pensées. J’étais la seule à savoir ce qui se préparait et j’adorais ça. J’aurais bien mis Nessie au courant mais cela aurait été moins drôle. Elle ne savait même pas pourquoi il faisait ce pari et c’était ça le plus romantique. J’avais déjà tout préparé, sa valise était pleine de vêtements avec sa trousse de toilette. Je la voyais déjà là-bas… Ah ça y est !! Je vais la prévenir. La super tata en action.

Il y avait un problème, je le sentais, du moins je l’entendais. Alice chantait l’hymne national coréen, un déjà-vu désagréable qui n’augurait rien de bon.
Je grognais « Alice ? », elle pouffa de rire et se mit à parler à l’oreille de ma fille, suffisamment pour que je n’entende pas.

-On sera enfin tout les deux mon amour. On sera tranquille pour remettre ça.
Je vis Edward, clignait des yeux et le posait sur moi puis sur Nessie. Il semblait perdu, puis je vis ce que j’attendais. Une lueur de compréhension. J’écrasais sa main contre la table et poussa un cri de joie sonore :
-YES !
Soudain, j’entendis les grognements d’Edward et de Nessie. « Oups »

-Comment oses-tu ? Avec ma fille. Quand ?
Ma voix n’avait pas du tout le ton que j’aurais voulu, au lieu d’un léger calme j’étais en colère, furieux. Quand je pense qu’ils allaient passer un week end ensemble, qui sait ce qu’ils feraient.
« Ca n’arrivera pas, du moins si je suis au courant. »
Mais quelque chose me chiffonnait, Nessie. Son attitude. Je la contemplais, rouge et les mains tremblantes. Et Alice, qui se tordait de rire par terre. Elle savait tout, elle savait ce qui aller arriver et elle ne m’avait rien dit.
« Traîtresse »
Elle était sa tante, comment pouvait-elle accepter que Jack ait pu…
Je compris. Je me mis à rire. Il l’avait bien cherché.

-Espèce d’arrogant, idiot, imbécile, hurlai-je. Comment peux-tu… ? Rhaaa.
Je me retournais, bien décidé à le laisser mariner, je commençais à partir dans la forêt. Mais voilà que mon père s’était mis à rire et se moquer de Jake et de moi en plus. Je me tournais vers lui. Il était temps qu’il comprenne enfin.
- Et toi ! je le pointais du doigt férocement. Je fais ce que je veux compris ? Si je veux passer du temps avec Jacob j’en ai le droit et tu n’auras pas ton mot à dire. Ce sont mes vacances, mes week-ends. Vous n’êtes que des gamins irresponsables. C’est moi la plus jeune et j’ai pourtant parfois l’impression d’être la plus mature. Ce n’est pas possible ça.
- Qu’est-ce qui se passe ici ?
Je me tournais vers ma mère, elle devait avoir été alertée par mes cris.
- Oh non tu ne vas pas t’y mettre aussi maman !
Soudain, j’eus honte. C’était la première fois que je criais sur mes parents. Jake avait l’habitude mais eux… Je partis à d’un pas rapid et humain vers la forêt.
-Ness, reviens. On est désolé. Tu iras où tu voudras.
Je continuais néanmoins. Même si je me trouvais à plusieurs centaines de mètres d’eux à présent, je pus entendre.
-Qu’est-ce qu’elle a ? demanda ma mère.
-Oh rien, ne t’en fais. Ca doit être ces hormones ou bien la crise d’adolescence. J’en sais rien, répondit gaiement Alice come si le fait que je me sois rebellé la rende joyeuse.
A partir de ce moment là, je me désintéressais totalement de leur discussion. Une douce et succulente odeur chatouillait mes narines. Il était temps de chasser.